mercredi 2 décembre 2009

Gaulin à Patelli: on voit avec la lunette qu'on emprunte

Montréal s'anglicise-t-il à vue d'œil? La réponse est oui. Pas seulement Montréal, mais sa ceinture du 450 et, dangereusement, la frontière de l'Outaouais car des jeunes familles anglophones de l'Ontario venues pour payer moins d'impôts ou profiter des garderies (tiens, tiens, on ne serait pas les plus taxés dont parlent les fédéralistes!) ne se mettent pas au français, loin de là. Bien sûr, si l'on veut flotter sur le Lac des castors ou parler aux petites légumes du marché Jean Talon, on voit les choses autrement!

Par ailleurs, il n'est pas question comme le laisse à entendre l'éditorialiste du web, de ne pas savoir l'anglais. C'est une matière scolaire du primaire et du secondaire qui est normalement validée par des contrôles. Si on ne savait pas l'anglais après cela, il faudrait revoir l'enseignement de cette langue, arrêter de la saupoudrer de la première année au secondaire 5 (12 ans sans résultat?) et l'enseigner au bon niveau (secondaire) efficacement.

Mais pourquoi faire du cégep pour les non-anglophones un lieu de passage à la vie en anglais, ce que font la moitié des immigrants reçus et beaucoup de francophones. C'est au cégep que l'on entreprend des études supérieures et il importe de le faire avec des concepts opératoires dans le génie de sa langue maternelle ou commune. Par ailleurs, pourquoi une nation devrait-elle payer de ses impôts sa propre assimilation?

Monsieur Patelli rappelle que nous sommes encore une province. Soit et avec lui, on le restera. Mais il omet de dire aussi que nous sommes une nation dans le Canada. Si ce concept n'est pas une arnaque, il faudrait qu'il devienne opératoire (ou constitutionnalisé) et que cette nation coïncide avec un territoire de langue française, le Québec. C'est là que le bât blesse; non seulement le Canada ne respecte-t-il pas la loi 101 sur le territoire national québécois, mais sa Constitution de 1982, que nous n'avons jamais signée, nous impose la «clause Canada»: autrement dit les parents d'Ontario ou d'ailleurs au Canada venus vivre au Québec ont droit à l'école anglaise dès le primaire. C'est pourquoi il faut renforcer la loi 101 que la Cour suprême vient encore de charcuter. Si Montréal tombe, c'est tout le Québec qui suivra.

André Gaulin

Berthier-sur-Mer

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